L'exploitation financière, une forme cachée de violence domestique, peut avoir des effets dévastateurs et durables, mais elle passe souvent inaperçue par rapport à la violence physique et sexuelle.
« Les abus économiques et financiers sont souvent négligés, mais ils peuvent avoir de nombreux impacts négatifs », a déclaré Michala Mayer, directrice des politiques au Centre canadien pour l'autonomisation des femmes (CCFWE).
L'exploitation financière et la violence économique sont souvent interchangeables. Cependant, la violence financière dans le mariage fait référence à un agresseur qui restreint et contrôle les actions présentes et l'indépendance future de son partenaire en utilisant ou à mauvais escient de l'argent et constitue une tactique couramment utilisée par les agresseurs pour prendre le contrôle d'une relation.
L'exploitation financière dans le mariage peut souvent être perçue comme une forme subtile de contrôle ; toutefois, cela peut aller du fait d'empêcher une femme de disposer de suffisamment d'argent pour subvenir à ses besoins essentiels tels que la nourriture et les vêtements à la suspension de la pension alimentaire pour enfants ou même à la destruction de biens.
La réalité est que les abus financiers sont beaucoup plus courants qu'on ne le pense. En 2018, une enquête menée par Statistique Canada a révélé que 50 % des victimes de violence vivant dans des refuges ont subi une forme ou une autre d'exploitation financière.
Comparé à l' « exploitation financière », le mot « exploitation économique » a un sens plus large car il désigne le fait de se voir refuser l'accès à la possibilité d'améliorer sa situation financière, que ce soit par le biais d'un emploi, d'études ou de formation.
Sabotage de l'emploi
Rendre difficile pour un partenaire de trouver ou de conserver un emploi
Interdire à un partenaire de travailler ou restreindre ses heures de travail
Harceler un partenaire sur son lieu de travail ou intervenir activement dans son travail
Protection de la confidentialité des informations financières
Limiter l'utilisation des actifs et de l'argent
Imposer des limites sévères à ce que la victime peut acheter
Encourir des dettes importantes sur des comptes conjoints ou des dettes de crédit au nom d'un partenaire
Voler des biens, de l'argent ou d'autres ressources à un partenaire
« L'une des choses à mentionner, c'est qu'il s'agit d'un type de violence qui ne cesse pas après la séparation. »
L'impact direct de l'abus économique peut empêcher la victime de connaître les dettes à son nom, qu'elles soient détenues individuellement ou conjointement, ce qui permet aux dettes d'augmenter continuellement au fil du temps.
« Par exemple, un partenaire violent a ouvert une carte de crédit au nom de la victime et a accumulé des dettes sur cette carte, et ce, même si elle est déjà séparée de lui » Mayer a dit.
L'endettement peut avoir des conséquences à long terme, notamment une baisse significative de la cote de solvabilité, ce qui pose des problèmes aux survivants à la recherche d'un logement, car de nombreux propriétaires demandent des dossiers de solvabilité.
Une autre tactique courante d'abus économique signalée par de nombreux refuges consiste à ne pas communiquer de documents d'identité, ce qui empêche les survivants d'ouvrir des comptes bancaires, ce qui peut être une source majeure de frustration pour les survivantes.
Dans l'ensemble, les abus financiers et économiques ont des répercussions importantes et à long terme sur les survivants, leurs enfants et leurs familles, affectant leur bien-être, leur éducation et leurs chances de mener une vie réussie et indépendante.
Le plan d'action national de lutte contre la violence sexiste, publié par le gouvernement fédéral en 2021, reconnaît l'exploitation financière dans le mariage comme une forme de violence conjugale et de violence sexiste.
De plus, l'exploitation financière a été incluse dans la définition de la violence familiale dans la Loi sur le divorce, garantissant ainsi sa prise en compte lors de la détermination de l'intérêt supérieur de l'enfant.
Cependant, il reste encore du travail à faire.
« Statistique Canada ne recueille toujours aucune donnée sur les abus financiers ou économiques », a déclaré Mayer. « Il n'existe aucune donnée sur la prévalence de la maltraitance économique, ce qui serait la première étape de la prise de conscience »
L'un des principaux facteurs qui contribuent à la persistance de relations abusives chez les femmes est le manque de financement pour les maisons d'hébergement, les logements de transition, les logements abordables à long terme et l'aide financière. Ceci, combiné à un manque de sensibilisation, perpétue le cycle de la maltraitance et rend encore plus difficile pour les victimes d'obtenir l'aide dont elles ont besoin et qu'elles méritent. Il est essentiel de faire part de vos préoccupations aux représentants du gouvernement, de dénoncer le manque de logements abordables et de soutenir les refuges pour les victimes de violence pour apporter des changements dans notre communauté.
Le CCFWF a également créé un outil de dépistage des abus économiques conçu pour permettre aux prestataires de services sociaux d'identifier les abus économiques. Il fournit également des ressources et des références pour mieux soutenir les survivants après la séparation.
« Lors de nos tests et des commentaires que nous avons reçus des maisons d'hébergement, cela nous a vraiment aidés à engager une conversation sur les finances, sur la gestion financière » Mayer a dit.
Pour en savoir plus, visitez :
Qu'est-ce que la maltraitance économique ? — CCFWE
Qu'est-ce qu'une relation saine ? — Ligne d'assistance pour les femmes agressées
Instagram en direct : Éducation financière et budgétisation avec Nader Tohamy, Beneficent Relief et Dhia.
Si vous ou quelqu'un que vous connaissez avez besoin d'aide, postulez dès aujourd'hui à nisafoundation.ca/apply.
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